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Äàòà èíäåêñèðîâàíèÿ: Sun Apr 10 01:01:58 2016
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Urbi et orbi

Urbi et orbi

Les difficultàÉs astronomiques, màÉcaniques, topographiques une fois ràÉsolues, vint la question d'argent. Il s'agissait de se procurer une somme àÉnorme pour l'exàÉcution du projet. Nul particulier, nul à?tat màÊme n'aurait pu disposer des millions nàÉcessaires.

Le pràÉsident Barbicane prit donc le parti, bien que l'entreprise fá?t amàÉricaine, d'en faire une affaire d'un intàÉràÊt universel et de demander àÀ chaque peuple sa coopàÉration financiàÈre. C'àÉtait àÀ la fois le droit et le devoir de toute la Terre d'intervenir dans les affaires de son satellite. La souscription ouverte dans ce but s'àÉtendit de Baltimore au monde entier, urbi et orbi.

Cette souscription devait ràÉussir au-delàÀ de toute espàÉrance. Il s'agissait cependant de sommes àÀ donner, non àÀ pràÊter. L'opàÉration àÉtait purement dàÉsintàÉressàÉe dans le sens littàÉral du mot, et n'offrait aucune chance de bàÉnàÉfice.

Mais l'effet de la communication Barbicane ne s'àÉtait pas arràÊtàÉ aux frontiàÈres des à?tats-Unis; il avait franchi l'Atlantique et le Pacifique, envahissant àÀ la fois l'Asie et l'Europe, l'Afrique et l'OcàÉanie. Les observatoires de l'Union se mirent en rapport immàÉdiat avec les observatoires des pays àÉtrangers; les uns, ceux de Paris, de PàÉtersbourg, du Cap, de Berlin, d'Altona, de Stockholm, de Varsovie, de Hambourg, de Bude, de Bologne, de Malte, de Lisbonne, de BàÉnaràÈs, de Madras, de PàÉking, firent parvenir leurs compliments au Gun-Club; les autres gardàÈrent une prudente expectative.

Quant àÀ l'observatoire de Greenwich, approuvàÉ par les vingt-deux autres àÉtablissements astronomiques de la Grande-Bretagne, il fut net; il nia hardiment la possibilitàÉ du succàÈs, et se rangea aux thàÉories du capitaine Nicholl. Aussi, tandis que diverses sociàÉtàÉs savantes promettaient d'envoyer des dàÉlàÉguàÉs àÀ Tampa-Town, le bureau de Greenwich, ràÉuni en sàÉance, passa brutalement àÀ l'ordre du jour sur la proposition Barbicane. C'àÉtait làÀ de la belle et bonne jalousie anglaise. Pas autre chose.

En somme, l'effet fut excellent dans le monde scientifique, et de làÀ il passa parmi les masses, qui, en gàÉnàÉral, se passionnàÈrent pour la question. Fait d'une haute importance, puisque ces masses allaient àÊtre appelàÉes àÀ souscrire un capital considàÉrable.

Le pràÉsident Barbicane, le 8 octobre, avait lancàÉ un manifeste empreint d'enthousiasme, et dans lequel il faisait appel Ò?àÀ tous les hommes de bonne volontàÉ sur la TerreÒË. Ce document, traduit en toutes langues, ràÉussit beaucoup.

Les souscriptions furent ouvertes dans les principales villes de l'Union pour se centraliser àÀ la banque de Baltimore, 9, Baltimore street; puis on souscrivit dans les diffàÉrents à?tats des deux continents:

A Vienne, chez S.-M. de Rothschild;

A PàÉtersbourg, chez Stieglitz et Ce;

A Paris, au CràÉdit mobilier;

A Stockholm, chez Tottie et Arfuredson;

A Londres, chez N.-M. de Rothschild et fils;

A Turin, chez Ardouin et Ce;

A Berlin, chez Mendelssohn;

A GenàÈve, chez Lombard, Odier et Ce;

A Constantinople, àÀ la Banque Ottomane;

A Bruxelles, chez S. Lambert;

A Madrid, chez Daniel Weisweller;

A Amsterdam, au CràÉdit NàÉerlandais;

A Rome, chez Torlonia et Ce;

A Lisbonne, chez Lecesne;

A Copenhague, àÀ la Banque privàÉe;

A Buenos Aires, àÀ la Banque Maua;

A Rio de Janeiro, màÊme maison;

A Montevideo, màÊme maison;

A Valparaiso, chez Thomas La Chambre et Ce;

A Mexico, chez Martin Daran et Ce;

A Lima, chez Thomas La Chambre et Ce.


Les souscriptions furent ouvertes.

Trois jours apràÈs le manifeste du pràÉsident Barbicane, quatre millions de dollars* àÉtaient versàÉs dans les diffàÉrentes villes de l'Union. Avec un pareil acompte, le Gun-Club pouvait dàÉjàÀ marcher.

Mais, quelques jours plus tard, les dàÉpàÊches apprenaient àÀ l'AmàÉrique que les souscriptions àÉtrangàÈres se couvraient avec un vàÉritable empressement. Certains pays se distinguaient par leur gàÉnàÉrositàÉ; d'autres se desserraient moins facilement. Affaire de tempàÉrament.

Du reste, les chiffres sont plus àÉloquents que les paroles, et voici l'àÉtat officiel des sommes qui furent portàÉes àÀ l'actif du Gun-Club, apràÈs souscription close.

La Russie versa pour son contingent l'àÉnorme somme de trois cent soixante-huit mille sept cent trente-trois roubles *. Pour s'en àÉtonner, il faudrait màÉconnaàÎtre le goá?t scientifique des Russes et le progràÈs qu'ils impriment aux àÉtudes astronomiques, gràÂce àÀ leurs nombreux observatoires, dont le principal a coá?tàÉ deux millions de roubles.

La France commenàÇa par rire de la pràÉtention des AmàÉricains. La Lune servit de pràÉtexte àÀ mille calembours usàÉs et àÀ une vingtaine de vaudevilles, dans lesquels le mauvais goá?t le disputait àÀ l'ignorance. Mais, de màÊme que les FranàÇais payàÈrent jadis apràÈs avoir chantàÉ, ils payàÈrent, cette fois, apràÈs avoir ri, et ils souscrivirent pour une somme de douze cent cinquante-trois mille neuf cent trente francs. A ce prix-làÀ, ils avaient bien le droit de s'àÉgayer un peu.

L'Autriche se montra suffisamment gàÉnàÉreuse au milieu de ses tracas financiers. Sa part s'àÉleva dans la contribution publique àÀ la somme de deux cent seize mille florins*, qui furent les bienvenus.

Cinquante-deux mille rixdales*, tel fut l'appoint de la SuàÈde et de la NorvàÈge. Le chiffre àÉtait considàÉrable relativement au pays; mais il eá?t àÉtàÉ certainement plus àÉlevàÉ, si la souscription avait eu lieu àÀ Christiania en màÊme temps qu'àÀ Stockholm. Pour une raison ou pour une autre, les NorvàÉgiens n'aiment pas àÀ envoyer leur argent en SuàÈde.

La Prusse, par un envoi de deux cent cinquante mille thalers*, tàÉmoigna de sa haute approbation pour l'entreprise. Ses diffàÉrents observatoires contribuàÈrent avec empressement pour une somme importante et furent les plus ardents àÀ encourager le pràÉsident Barbicane.

La Turquie se conduisit gàÉnàÉreusement; mais elle àÉtait personnellement intàÉressàÉe dans l'affaire; la Lune, en effet, ràÈgle le cours de ses annàÉes et son jeá?ne du Ramadan. Elle ne pouvait faire moins que de donner un million trois cent soixante-douze mille six cent quarante piastres*, et elle les donna avec une ardeur qui dàÉnonàÇait, cependant, une certaine pression du gouvernement de la Porte.

La Belgique se distingua entre tous les à?tats de second ordre par un don de cinq cent treize mille francs, environ douze centimes par habitant.

La Hollande et ses colonies s'intàÉressàÈrent dans l'opàÉration pour cent dix mille florins*, demandant seulement qu'il leur fá?t fait une bonification de cinq pour cent d'escompte, puisqu'elles payaient comptant.

Le Danemark, un peu restreint dans son territoire, donna cependant neuf mille ducats fins*, ce qui prouve l'amour des Danois pour les expàÉditions scientifiques.

La ConfàÉdàÉration germanique s'engagea pour trente-quatre mille deux cent quatre-vingt-cinq florins*; on ne pouvait rien lui demander de plus; d'ailleurs, elle n'eá?t pas donnàÉ davantage.

Quoique tràÈs gàÊnàÉe, l'Italie trouva deux cent mille lires dans les poches de ses enfants, mais en les retournant bien. Si elle avait eu la VàÉnàÉtie, elle aurait fait mieux; mais enfin elle n'avait pas la VàÉnàÉtie.

Les à?tats de l'à?glise ne crurent pas devoir envoyer moins de sept mille quarante àÉcus romains*, et le Portugal poussa son dàÉvouement àÀ la science jusqu'àÀ trente mille cruzades*.

Quant au Mexique, ce fut le denier de la veuve, quatre-vingt-six piastres fortes*; mais les empires qui se fondent sont toujours un peu gàÊnàÉs.

Deux cent cinquante-sept francs, tel fut l'apport modeste de la Suisse dans l'oeuvre amàÉricaine. Il faut le dire franchement, la Suisse ne voyait point le cá?tàÉ pratique de l'opàÉration; il ne lui semblait pas que l'action d'envoyer un boulet dans la Lune fá?t de nature àÀ àÉtablir des relations d'affaires avec l'astre des nuits, et il lui paraissait peu prudent d'engager ses capitaux dans une entreprise aussi alàÉatoire. ApràÈs tout, la Suisse avait peut-àÊtre raison.

Quant àÀ l'Espagne, il lui fut impossible de ràÉunir plus de cent dix ràÉaux*. Elle donna pour pràÉtexte qu'elle avait ses chemins de fer àÀ terminer. La vàÉritàÉ est que la science n'est pas tràÈs bien vue dans ce pays-làÀ. Il est encore un peu arriàÉràÉ. Et puis certains Espagnols, non des moins instruits, ne se rendaient pas un compte exact de la masse du projectile comparàÉe àÀ celle de la Lune; ils craignaient qu'il ne vàÎnt àÀ dàÉranger son orbite, àÀ la troubler dans son rá?le de satellite et àÀ provoquer sa chute àÀ la surface du globe terrestre. Dans ce cas-làÀ, il valait mieux s'abstenir. Ce qu'ils firent, àÀ quelques ràÉaux pràÈs.

Restait l'Angleterre. On connaàÎt la màÉprisante antipathie avec laquelle elle accueillit la proposition Barbicane. Les Anglais n'ont qu'une seule et màÊme àÂme pour les vingt-cinq millions d'habitants que renferme la Grande-Bretagne. Ils donnàÈrent àÀ entendre que l'entreprise du Gun-Club àÉtait contraire Ò?au principe de non-interventionÒË, et ils ne souscrivirent màÊme pas pour un farthing.

A cette nouvelle, le Gun-Club se contenta de hausser les àÉpaules et revint àÀ sa grande affaire. Quand l'AmàÉrique du Sud, c'est-àÀ-dire le PàÉrou, le Chili, le BràÉsil, les provinces de la Plata, la Colombie, eurent pour leur quote-part versàÉ entre ses mains la somme de trois cent mille dollars*, il se trouva àÀ la tàÊte d'un capital considàÉrable, dont voici le dàÉcompte:

 Souscription des à?tats-Unis.... 4,000,000 dollars
 Souscriptions àÉtrangàÈres....... 1,446,675 dollars
  ò??  ò??  ò??  ò??  ò??  ò??  ò??  ò?? -
 Total.......................... 5,446,675 dollars

C'àÉtait donc cinq millions quatre cent quarante-six mille six cent soixante-quinze dollars* que le public versait dans la caisse du Gun-Club.

Que personne ne soit surpris de l'importance de la somme. Les travaux de la fonte, du forage, de la maàÇonnerie, le transport des ouvriers, leur installation dans un pays presque inhabitàÉ, les constructions de fours et de bàÂtiments, l'outillage des usines, la poudre, le projectile, les faux frais, devaient, suivant les devis, l'absorber àÀ peu pràÈs tout entiàÈre. Certains coups de canon de la guerre fàÉdàÉrale sont revenus àÀ mille dollars; celui du pràÉsident Barbicane, unique dans les fastes de l'artillerie, pouvait bien coá?ter cinq mille fois plus.

Le 20 octobre, un traitàÉ fut conclu avec l'usine de Goldspring, pràÈs New York, qui, pendant la guerre, avait fourni àÀ Parrott ses meilleurs canons de fonte.


L'usine de Goldspring, pràÈs New York.

Il fut stipulàÉ, entre les parties contractantes, que l'usine de Goldspring s'engageait àÀ transporter àÀ Tampa-Town, dans la Floride màÉridionale, le matàÉriel nàÉcessaire pour la fonte de la Columbiad. Cette opàÉration devait àÊtre terminàÉe, au plus tard, le 15 octobre prochain, et le canon livràÉ en bon àÉtat, sous peine d'une indemnitàÉ de cent dollars* par jour jusqu'au moment oá? la Lune se pràÉsenterait dans les màÊmes conditions, c'est-àÀ-dire dans dix-huit ans et onze jours. L'engagement des ouvriers, leur paie, les amàÉnagements nàÉcessaires incombaient àÀ la compagnie du Goldspring.

Ce traitàÉ, fait double et de bonne foi, fut signàÉ par I. Barbicane, pràÉsident du Gun-Club, et J. Murchison, directeur de l'usine de Goldspring, qui approuvàÈrent l'àÉcriture de part et d'autre.