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Äàòà èçìåíåíèÿ: Unknown Äàòà èíäåêñèðîâàíèÿ: Sun Apr 10 01:03:37 2016 Êîäèðîâêà: ISO8859-5 Ïîèñêîâûå ñëîâà: ï ï ï ï ï ï ï ï ï ï ï ï ï ï ï ï ï |
Un observateur douàÉ d'une vue infiniment pàÉnàÉtrante, et placàÉ àÀ ce centre inconnu autour duquel gravite le monde, aurait vu des myriades d'atomes remplir l'espace àÀ l'àÉpoque chaotique de l'univers. Mais peu àÀ peu, avec les siàÈcles, un changement se produisit; une loi d'attraction se manifesta, àÀ laquelle obàÉirent les atomes errants jusqu'alors; ces atomes se combinàÈrent chimiquement suivant leurs affinitàÉs, se firent molàÉcules et formàÈrent ces amas nàÉbuleux dont sont parsemàÉes les profondeurs du ciel.
Ces amas furent aussitá?t animàÉs d'un mouvement de rotation autour de leur point central. Ce centre, formàÉ de molàÉcules vagues, se prit àÀ tourner sur lui-màÊme en se condensant progressivement; d'ailleurs, suivant des lois immuables de la màÉcanique, àÀ mesure que son volume diminuait par la condensation, son mouvement de rotation s'accàÉlàÉrait, et ces deux effets persistant, il en ràÉsulta une àÉtoile principale, centre de l'amas nàÉbuleux.
En regardant attentivement, l'observateur eá?t alors vu les autres molàÉcules de l'amas se comporter comme l'àÉtoile centrale, se condenser àÀ sa faàÇon par un mouvement de rotation progressivement accàÉlàÉràÉ, et graviter autour d'elle sous forme d'àÉtoiles innombrables. La nàÉbuleuse, dont les astronomes comptent pràÈs de cinq mille actuellement, àÉtait formàÉe.
Parmi ces cinq mille nàÉbuleuses, il en est une que les hommes ont nommàÉe la Voie lactàÉe*, et qui renferme dix-huit millions d'àÉtoiles, dont chacune est devenue le centre d'un monde solaire.
Si l'observateur eá?t alors spàÉcialement examinàÉ entre ces dix-huit millions d'astres l'un des plus modestes et des moins brillants*, une àÉtoile de quatriàÈme ordre, celle qui s'appelle orgueilleusement le Soleil, tous les phàÉnomàÈnes auxquels est due la formation de l'univers se seraient successivement accomplis àÀ ses yeux.
En effet, ce Soleil, encore àÀ l'àÉtat gazeux et composàÉ de molàÉcules mobiles, il l'eá?t aperàÇu tournant sur son axe pour achever son travail de concentration. Ce mouvement, fidàÈle aux lois de la màÉcanique, se fá?t accàÉlàÉràÉ avec la diminution de volume, et un moment serait arrivàÉ oá? la force centrifuge l'aurait emportàÉ sur la force centripàÈte, qui tend àÀ repousser les molàÉcules vers le centre.
Alors un autre phàÉnomàÈne se serait passàÉ devant les yeux de l'observateur, et les molàÉcules situàÉes dans le plan de l'àÉquateur, s'àÉchappant comme la pierre d'une fronde dont la corde vient àÀ se briser subitement, auraient àÉtàÉ former autour du Soleil plusieurs anneaux concentriques semblables àÀ celui de Saturne. A leur tour, ces anneaux de matiàÈre cosmique, pris d'un mouvement de rotation autour de la masse centrale, se seraient brisàÉs et dàÉcomposàÉs en nàÉbulositàÉs secondaires, c'est-àÀ-dire en planàÈtes.
Si l'observateur eá?t alors concentràÉ toute son attention sur ces planàÈtes, il les aurait vues se comporter exactement comme le Soleil et donner naissance àÀ un ou plusieurs anneaux cosmiques, origines de ces astres d'ordre infàÉrieur qu'on appelle satellites.
Ainsi donc, en remontant de l'atome àÀ la molàÉcule, de la molàÉcule àÀ l'amas nàÉbuleux, de l'amas nàÉbuleux àÀ la nàÉbuleuse, de la nàÉbuleuse àÀ l'àÉtoile principale, de l'àÉtoile principale au Soleil, du Soleil àÀ la planàÈte, et de la planàÈte au satellite, on a toute la sàÉrie des transformations subies par les corps càÉlestes depuis les premiers jours du monde.
Le Soleil semble perdu dans les immensitàÉs du monde stellaire, et cependant il est rattachàÉ, par les thàÉories actuelles de la science, àÀ la nàÉbuleuse de la Voie lactàÉe. Centre d'un monde, et si petit qu'il paraisse au milieu des ràÉgions àÉthàÉràÉes, il est cependant àÉnorme, car sa grosseur est quatorze cent mille fois celle de la Terre. Autour de lui gravitent huit planàÈtes, sorties de ses entrailles màÊmes aux premiers temps de la CràÉation. Ce sont, en allant du plus proche de ces astres au plus àÉloignàÉ, Mercure, VàÉnus, la Terre, Mars Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. De plus entre Mars et Jupiter circulent ràÉguliàÈrement d'autres corps moins considàÉrables, peut-àÊtre les dàÉbris errants d'un astre brisàÉ en plusieurs milliers de morceaux, dont le tàÉlescope a reconnu quatre-vingt-dix-sept jusqu'àÀ ce jour. *
De ces serviteurs que le Soleil maintient dans leur orbite elliptique par la grande loi de la gravitation, quelques-uns possàÈdent àÀ leur tour des satellites. Uranus en a huit, Saturne huit, Jupiter quatre, Neptune trois peut-àÊtre, la Terre un; ce dernier, l'un des moins importants du monde solaire, s'appelle la Lune, et c'est lui que le gàÉnie audacieux des AmàÉricains pràÉtendait conquàÉrir.
L'astre des nuits, par sa proximitàÉ relative et le spectacle rapidement renouvelàÉ de ses phases diverses, a tout d'abord partagàÉ avec le Soleil l'attention des habitants de la Terre; mais le Soleil est fatigant au regard, et les splendeurs de sa lumiàÈre obligent ses contemplateurs àÀ baisser les yeux.
La blonde PhoebàÉ, plus humaine au contraire, se laisse complaisamment voir dans sa gràÂce modeste; elle est douce àÀ l'oeil, peu ambitieuse, et cependant, elle se permet parfois d'àÉclipser son fràÈre, le radieux Apollon, sans jamais àÊtre àÉclipsàÉe par lui. Les mahomàÉtans ont compris la reconnaissance qu'ils devaient àÀ cette fidàÈle amie de la Terre, et ils ont ràÉglàÉ leur mois sur sa ràÉvolution*.
Les premiers peuples vouàÈrent un culte particulier àÀ cette chaste dàÉesse. Les à?gyptiens l'appelaient Isis; les PhàÉniciens la nommaient AstartàÉ; les Grecs l'adoràÈrent sous le nom de PhoebàÉ, fille de Latone et de Jupiter, et ils expliquaient ses àÉclipses par les visites mystàÉrieuses de Diane au bel Endymion. A en croire la làÉgende mythologique, le lion de NàÉmàÉe parcourut les campagnes de la Lune avant son apparition sur la Terre, et le poàÈte AgàÉsianax, citàÉ par Plutarque, càÉlàÉbra dans ses vers ces doux yeux, ce nez charmant et cette bouche aimable, formàÉs par les parties lumineuses de l'adorable SàÉlàÉnàÉ.
Mais si les Anciens comprirent bien le caractàÈre, le tempàÉrament, en un mot, les qualitàÉs morales de la Lune au point de vue mythologique, les plus savants d'entre eux demeuràÈrent fort ignorants en sàÉlàÉnographie.
Cependant, plusieurs astronomes des àÉpoques reculàÉes dàÉcouvrirent certaines particularitàÉs confirmàÉes aujourd'hui par la science. Si les Arcadiens pràÉtendirent avoir habitàÉ la Terre àÀ une àÉpoque oá? la Lune n'existait pas encore, si Tatius la regarda comme un fragment dàÉtachàÉ du disque solaire, si ClàÉarque, le disciple d'Aristote, en fit un miroir poli sur lequel se ràÉflàÉchissaient les images de l'OcàÉan, si d'autres enfin ne virent en elle qu'un amas de vapeurs exhalàÉes par la Terre, ou un globe moitiàÉ feu, moitiàÉ glace, qui tournait sur lui-màÊme, quelques savants, au moyen d'observations sagaces, àÀ dàÉfaut d'instruments d'optique, soupàÇonnàÈrent la plupart des lois qui ràÉgissent l'astre des nuits.
Ainsi ThalàÈs de Milet, 460 ans avant J.-C., àÉmit l'opinion que la Lune àÉtait àÉclairàÉe par le Soleil. Aristarque de Samos donna la vàÉritable explication de ses phases. ClàÉomàÈne enseigna qu'elle brillait d'une lumiàÈre ràÉflàÉchie. Le ChaldàÉen BàÉrose dàÉcouvrit que la duràÉe de son mouvement de rotation àÉtait àÉgale àÀ celle de son mouvement de ràÉvolution, et il expliqua de la sorte le fait que la Lune pràÉsente toujours la màÊme face. Enfin Hipparque, deux siàÈcles avant l'àÈre chràÉtienne, reconnut quelques inàÉgalitàÉs dans les mouvements apparents du satellite de la Terre.
Ces diverses observations se confirmàÈrent par la suite et profitàÈrent aux nouveaux astronomes. PtolàÉmàÉe, au IIe siàÈcle, l'Arabe Aboul-WàÉfa, au Xe, complàÉtàÈrent les remarques d'Hipparque sur les inàÉgalitàÉs que subit la Lune en suivant la ligne ondulàÉe de son orbite sous l'action du Soleil. Puis Copernic*, au XVe siàÈcle, et Tycho BrahàÉ, au XVIe, exposàÈrent complàÈtement le systàÈme du monde et le rá?le que joue la Lune dans l'ensemble des corps càÉlestes.
A cette àÉpoque, ses mouvements àÉtaient àÀ peu pràÈs dàÉterminàÉs; mais de sa constitution physique on savait peu de chose. Ce fut alors que GalilàÉe expliqua les phàÉnomàÈnes de lumiàÈre produits dans certaines phases par l'existence de montagnes auxquelles il donna une hauteur moyenne de quatre mille cinq cents toises.
ApràÈs lui, Hevelius, un astronome de Dantzig, rabaissa les plus hautes altitudes àÀ deux mille six cents toises; mais son confràÈre Riccioli les reporta àÀ sept mille.
Herschell, àÀ la fin du XVIIIe siàÈcle, armàÉ d'un puissant tàÉlescope, ràÉduisit singuliàÈrement les mesures pràÉcàÉdentes. Il donna dix-neuf cents toises aux montagnes les plus àÉlevàÉes, et ramena la moyenne des diffàÉrentes hauteurs àÀ quatre cents toises seulement. Mais Herschell se trompait encore, et il fallut les observations de Shroeter, Louville, Halley, Nasmyth, Bianchini, Pastorf, Lohrman, Gruithuysen, et surtout les patientes àÉtudes de MM. Beer et Moedeler, pour ràÉsoudre dàÉfinitivement la question. GràÂce àÀ ces savants, l'àÉlàÉvation des montagnes de la Lune est parfaitement connue aujourd'hui. MM. Beer et Moedeler ont mesuràÉ dix-neuf cent cinq hauteurs, dont six sont au-dessus de deux mille six cents toises, et vingt-deux au-dessus de deux mille quatre cents*. Leur plus haut sommet domine de trois mille huit cent et une toises la surface du disque lunaire.
En màÊme temps, la reconnaissance de la Lune se complàÉtait; cet astre apparaissait criblàÉ de cratàÈres, et sa nature essentiellement volcanique s'affirmait àÀ chaque observation. Du dàÉfaut de ràÉfraction dans les rayons des planàÈtes occultàÉes par elle, on conclut que l'atmosphàÈre devait presque absolument lui manquer. Cette absence d'air entraàÎnait l'absence d'eau. Il devenait donc manifeste que les SàÉlàÉnites, pour vivre dans ces conditions, devaient avoir une organisation spàÉciale et diffàÉrer singuliàÈrement des habitants de la Terre.
Enfin, gràÂce aux màÉthodes nouvelles, les instruments plus perfectionnàÉs fouillàÈrent la Lune sans relàÂche, ne laissant pas un point de sa face inexploràÉ, et cependant son diamàÈtre mesure deux mille cent cinquante milles*, sa surface est la treiziàÈme partie de la surface du globe*, son volume la quarante-neuviàÈme partie du volume du sphàÉroàÏde terrestre; mais aucun de ses secrets ne pouvait àÉchapper àÀ l'oeil des astronomes, et ces habiles savants portàÈrent plus loin encore leurs prodigieuses observations.
Ainsi ils remarquàÈrent que, pendant la pleine Lune, le disque apparaissait dans certaines parties rayàÉ de lignes blanches, et pendant les phases, rayàÉ de lignes noires. En àÉtudiant avec une plus grande pràÉcision, ils parvinrent àÀ se rendre un compte exact de la nature de ces lignes. C'àÉtaient des sillons longs et àÉtroits, creusàÉs entre des bords parallàÈles, aboutissant gàÉnàÉralement aux contours des cratàÈres; ils avaient une longueur comprise entre dix et cent milles et une largeur de huit cents toises. Les astronomes les appelàÈrent des rainures, mais tout ce qu'ils surent faire, ce fut de les nommer ainsi. Quant àÀ la question de savoir si ces rainures àÉtaient des lits dessàÉchàÉs d'anciennes riviàÈres ou non, ils ne purent la ràÉsoudre d'une maniàÈre complàÈte. Aussi les AmàÉricains espàÉraient bien dàÉterminer, un jour ou l'autre, ce fait gàÉologique. Ils se ràÉservaient àÉgalement de reconnaàÎtre cette sàÉrie de remparts parallàÈles dàÉcouverts àÀ la surface de la Lune par Gruithuysen, savant professeur de Munich, qui les considàÉra comme un systàÈme de fortifications àÉlevàÉes par les ingàÉnieurs sàÉlàÉnites. Ces deux points, encore obscurs, et bien d'autres sans doute, ne pouvaient àÊtre dàÉfinitivement ràÉglàÉs qu'apràÈs une communication directe avec la Lune.
Quant àÀ l'intensitàÉ de sa lumiàÈre, il n'y avait plus rien àÀ apprendre àÀ cet àÉgard; on savait qu'elle est trois cent mille fois plus faible que celle du Soleil, et que sa chaleur n'a pas d'action appràÉciable sur les thermomàÈtres; quant au phàÉnomàÈne connu sous le nom de lumiàÈre cendràÉe, il s'explique naturellement par l'effet des rayons du Soleil renvoyàÉs de la Terre àÀ la Lune, et qui semblent complàÉter le disque lunaire, lorsque celui-ci se pràÉsente sous la forme d'un croissant dans ses premiàÈre et derniàÈre phases.
Tel àÉtait l'àÉtat des connaissances acquises sur le satellite de la Terre, que le Gun-Club se proposait de complàÉter àÀ tous les points de vue, cosmographiques, gàÉologiques, politiques et moraux.