Les ondes gravitationnelles enfin dÿcouvertes ?

Depuis le 11 janvier, la Toile scientifique bruisse d'une incroyable nouvelle : le dÿtecteur amÿricain Ligo aurait enfin captÿ un signal d'onde gravitationnelle. Une rumeur à prendre avec prÿcaution.

Une source respectable

Ã? l'origine de cette rumeur, un tweet enthousiaste du cosmologiste Lawrence Krauss, une personnalitÿ publique aux Ã%tats-Unis et suivie sur Twitter par 197 000 personnes.

Quoiqu'il prÿsente la dÿcouverte comme une confirmation de la rumeur qu'il a lui-mÃ?me lancÿe quelques mois plus tÃ?t, Krauss a depuis expliquÿ à nos confrÃÅres du Guardian qu'il considÿrait qu'il y avait 60% de chance pour que la dÿcouverte soit rÿelle.

Un chiffre bien infÿrieur aux standards que les scientifiques s'imposent gÿnÿralement pour annoncer une dÿtection.

Quelle que soit la respectabilitÿ de Lawrence Krauss en tant que chercheur, son annonce est donc à prendre avec des pincettes.

D'autant qu'il ne fait pas partie de l'ÿquipe de Ligo...

Un signal artificiel injectÿ secrÃÅtement dans les donnÿes ?

Or les procÿdures d'autocontrÃ?le mis en place par cette ÿquipe sont trÃÅs strictes. Â' En mars 2014, les ÿquipes de Ligo, aux Ã%tats-Unis, et Virgo, en Europe, ont signÿ un accord spÿcifiant que les donnÿes des deux dÿtecteurs d'ondes gravitationnelles devaient Ã?tre traitÿes en commun, et que les annonces de dÿtection devaient aussi Ã?tre faites en commun. Par ailleurs, pour nous prÿmunir d'annonces prÿmaturÿes, qui nuiraient gravement au domaine si elles devaient Ã?tre dÿmenties par la suite, nous avons mis en place des "injections secrÃÅtes" de signaux artificiels Â', rÿvÃÅle Jean-Yves Vinet, directeur de recherche au CNRS et membre de l'ÿquipe Virgo.

Le r�le de ces signaux artificiels, injectÿs dans les observations rÿelles de Ligo (et de Virgo) par une poignÿe de chercheurs au sein des ÿquipes, mais à l'insu de ceux qui sont chargÿs du traitement de donnÿes, est double.

Il s'agit d'une part de vÿrifier que le processus d'extraction du trÃÅs faible signal dÃ' à une onde gravitationnelle est fiable. Et d'autre part Â' de dÿcourager quiconque de se prÿcipiter sur les mÿdias avant l'envoi à une revue scientifique de l'article annonÃant la dÿcouverte. Â'

En effet, les signaux artificiels ne sont rÿvÿlÿs aux ÿquipes qu'à la derniÃÅre minute, juste avant que l'article scientifique ne soit expÿdiÿ, aprÃÅs que tout le travail d'extraction et d'analyse du signal eut ÿtÿ fait !

Cruel ? Peut-Ã?tre, mais selon Jean-Yves Vinet, c'est le prix à payer pour ÿviter la mÿsaventure des neutrinos supraluminiques en 2012. Une annonce extraordinaire qui avait dÃ' Ã?tre dÿmentie quelques mois plus tard...

Une dÿcouverte attendue

Un siÃÅcle exactement aprÃÅs qu'elles ont ÿtÿ imaginÿes par Albert Einstein, la dÿtection directe des ondes gravitationnelles est trÃÅs attendue cette annÿe.

Elle consoliderait un peu plus la thÿorie de la relativitÿ gÿnÿrale, tout en ouvrant une nouvelle fenÃ?tre sur l'Univers. Les frissonnements de l'espace-temps promettent en effet de Â' voir Â' directement les fusions d'ÿtoiles à neutrons, ou celles des trous noirs supermassifs jusqu'aux confins du cosmos.

Â' Il est vrai que nous travaillons sur un ÿvÿnement potentiellement intÿressant, mais wait and see... Le mois de mars devrait Ã?tre intÿressant... Â' confie l'astrophysicien.

David Fossÿ, le 13 janvier 2016