Qu'est-ce qu'une constellation ?

Ces regroupements d'†étoiles que sont les constellations sont un h†éritage construit au fil des si†ècles par l'imagination des hommes.

Des ourses, vous n'en avez gu†ère vu dans le ciel. Pas plus qu'un cygne ou un dauphin. Pourtant, ces animaux peuplent la vo†¨te c†éleste depuis l'Antiquit†é. Et nos anc†êtres n'†étaient pas plus d†éraisonnables que nous pour imaginer tout un bestiaire au milieu des †étoiles. Seulement, pour se situer dans le cours de l'ann†ée, la meilleure solution qui s'offrait †à eux †était de lever les yeux au ciel. Et comment se rep†érer †à l'ŠÓil nu parmi les 3 000 †étoiles visibles en m†ême temps ? En reliant celles proches les unes des autres de fa†çon †à †évoquer des figures, g†én†éralement inspir†ées de la mythologie. Les constellations du zodiaque sont les plus connues. Au V_e si†ècle av. J.-C., les Babyloniens ont divis†é en douze parties †égales la bande de ciel, o†µ se situe le mouvement apparent du Soleil tout au long de l'ann†ée. En r†éalit†é, le Soleil traverse une treizi†ème constellation, le Serpentaire, mais il est probable que douze seulement aient †ét†é retenues en raison des douze mois de l'ann†ée. †À l'instar du zodiaque, d'autres figures, facilement identifiables, sont communes †à plusieurs civilisations.
Ainsi, chez les Hittites, Orion et son arc descendent sous l'horizon au printemps pour rappeler la l†égende de ce chasseur dont Anat, la d†éesse de la guerre, tomba amoureuse. D†é†çue de ne pas †être aim†ée en retour, elle envoya un de ses sbires lui voler son arc. Celui-ci blessa Orion et jeta l'arc dans la mer. Chez les Grecs, la vantardise d'Orion fut punie par Ga†ïa, la d†éesse de la Terre, qui envoya un scorpion †à sa poursuite. Orion ne put en venir †à bout et, depuis, se l†ève dans le ciel †à chaque fois que dispara†ît le Scorpion. Surtout, l'apparition d'Orion d†ès potron-minet dans le ciel d'†ét†é marquait le temps des moissons.
En dehors de ces figures, chaque civilisation a regroup†é arbitrairement les †étoiles dans le ciel, les nommant selon ses propres mythes. Les constellations chinoises sont ainsi totalement diff†érentes des n†‡tres. En Occident, le Grec Ptol†ém†ée (90-168 ap. J.-C.) regroupe 1 022 †étoiles en 48 constellations dans son ŠÓuvre c†él†èbre, l'Almageste. Cette liste, pass†ée †à la post†érit†é, est constitu†ée des constellations du zodiaque, du Serpentaire, et de 35 autres ast†érismes (1) que Ptol†ém†ée pouvait voir dans le ciel d'Alexandrie. Au X_e si†ècle, l'astronome Al Sufi y ajoute des †étoiles visibles sous des latitudes plus australes.
†À la fin du XV_e si†ècle, les navigateurs europ†éens d†écouvrent le ciel de l'h†émisph†ère Sud. Il faut alors inventer d'autres constellations, que l'Allemand Johann Bayer r†épertorie en partie dans son atlas Uranometria. Apr†ès cette publication, plusieurs scientifiques tentent d'imposer "leurs" constellations : ici, un a†érostat, l†à, une fleur de lys... Au XVIII_e si†ècle, l'abb†é Nicolas Louis de La Caille dessine dans le ciel austral 14 nouvelles constellations, auxquelles il donne des noms bas†és sur les instruments scientifiques et techniques de l'†époque : la Machine pneumatique, le R†éticule, le Burin, l'Octant...
C'est dans les ann†ées 1920 que l'Union astronomique internationale, nouvellement cr†é†ée, d†écide de mettre de l'ordre dans ces figures. Le Belge Eug†ène Delporte d†éfinit pr†écis†ément leurs limites, selon des arcs de m†éridiens ou de fuseaux horaires. La liste d†éfinitive est adopt†ée en 1928 et publi†ée deux ans plus tard. Elle comprend 88 constellations : les 12 du zodiaque, 47 de Ptol†ém†ée (l'immense Navire Argo a †ét†é divis†é en quatre) et 29 ast†érismes invent†és apr†ès 1600.
Ces regroupements ne correspondent †à aucune proximit†é r†éelle : dans l'espace tridimensionnel, les †étoiles d'une m†ême constellation peuvent †être tr†ès †éloign†ées les unes des autres. Aujourd'hui, c'est m†ême seulement la position de chaque †étoile, r†éf†érenc†ée par ses coordonn†ées, qui compte pour les astronomes professionnels. Son appartenance †à une constellation pr†ésente donc un int†ér†êt bien moindre. Mais, pour la plupart des astronomes amateurs, la lecture de la carte du ciel continue de se baser sur ces figures tr†ès anciennes. †À moins que les instruments †équip†és de Go-To (pointage automatique) aient d†éfinitivement raison d'elles.

(1) Un ast†érisme est une figure dessin†ée par des †étoiles brillantes : soit une constellation, soit un ensemble plus petit tel le Cintre, dans la constellation du Petit Renard.

Myriam D†étruy